
Le randori occupe une place centrale dans la méthode développée par Jigoro Kano. Malheureusement, aujourd’hui, dans de nombreux dojos, le randori est considéré comme un mini- shiaï, en un peu moins intense. C’est là une double erreur. Tout d’abord parce que l’objectif du randori, à la différence d’un combat en compétition, n’est pas de gagner mais de tenter d’appliquer, en situation d’opposition, les techniques étudiées avec un partenaire consentant. D’autre part, transformer le randori en shäi, bloquer, refuser le combat, éviter la chute à tout prix, empêche de progresser et conduit droit à la blessure, ce qui est, bien entendu, fort éloigné de notre objectif.
Le randori est un exercice où chacun doit pouvoir s’exprimer sans risque afin de progresser tout en prenant du plaisir.
A cette fin, il est recommandé de suivre les règles suivantes :
· Privilégier la stature droite, saisir à deux mains et maintenir une position migi ou hidari shizentaï. Eviter les positions Jigotai (sauf pour défendre ponctuellement) ainsi que la position jigotai avec les jambes très écartées ou jigotai avec le dos courbé (position de lutteur) car ces positions, fortes en défense, ne permettent pas d’attaquer efficacement. Il est néanmoins possible de courber le dos ou de lâcher ponctuellement le judogi lors d’une phase d’attaque ou de défense.
· Eviter les positions exagérément « engagées », avec la jambe droite ou gauche exagérément avancée, le dos à moitié tourné. (cette position est généralement associée avec le fait de « casser » le partenaire)
· Eviter l’appui excessif (déséquilibre avant) sur le partenaire, particulièrement s’il est combiné avec des bras tendus et rigides. Les arm-lock debout sur bras tendus et rigides sont autorisés. (C’est bien fait, na !
)
)· Ne pas « casser » ou « broyer » le partenaire » pour l’annihiler. Si vous subissez cela malgré tout (dans un autre club par exemple
), essayez de ne pas opposer la force à la force mais utilisez d’autres moyens pour déstabiliser l’opposant : décalages, variations timing/distance, attitude « chewing-gum » etc…
), essayez de ne pas opposer la force à la force mais utilisez d’autres moyens pour déstabiliser l’opposant : décalages, variations timing/distance, attitude « chewing-gum » etc…· Ne pas « faire lâcher» la garde de façon préventive pour empêcher l’attaque mais seulement dans le cas où c’est une préparation nécessaire pour attaquer.
· Suivre au sol chaque fois que cela est possible. Pour que cela soit compatible avec la sécurité de tous et toutes, les judokas qui ne participent pas au randori doivent être vigilants et se positionner en « protection » des couples au sol.
· Les saisies aux jambes sont autorisées, que ce soit pour attaquer ou défendre. Lors d’une attaque, la technique doit immédiatement suivre la saisie aux jambes.
Enfin le mot d’ordre : ATTAQUER, attaquer, toujours attaquer. Acquérir un « spécial », un mouvement vraiment efficace, nécessite de le travailler et de le réussir des milliers de fois en situation d’opposition. Savoir contrer est utile, parfois nécessaire, mais pour qu’il y ait « contre » il faut tout d’abord une attaque…
Règles de rapport de puissance, de poids, ou de niveau technique
S’il existe un déséquilibre de puissance, de poids ou de niveau, il faut quand même que chacun puisse pratiquer et y trouve son compte, et cela sans frustration ni risque.
D’autre part, il faut toujours garder présent à l’esprit que l’objectif du judoka est d’utiliser au mieux son énergie.
En conséquence, si l’un des deux est largement plus fort physiquement, il doit tenter de limiter le recours à la force pour travailler son habileté technique, que se soit pour attaquer ou défendre.
Si l’un des deux est d’un niveau largement plus élevé que l’autre (ceinture noire contre ceinture blanche par exemple ) le grade le plus élevé doit minimiser le plus possible le recours à la force lorsqu’il attaque et privilégier le placement, le timing, le « beau geste », cela également lorsqu’il défend. D’autre part il doit également ouvrir sa garde et autoriser à l’autre une saisie favorable (pas de bagarre de kumikata) afin que le moins expérimenté puisse tenter des projections qu’il acceptera ou refusera à son gré, mais toujours en privilégiant la moindre utilisation d’énergie. Il peut aussi se mettre volontairement en situation défavorable pour offrir une opportunité d’attaque à son partenaire. Ainsi Il progressera dans l’efficacité de sa défense et son partenaire dans ses attaques.
S’il y a une grosse différence de poids il faut éviter au maximum les maki komi. ( De toutes manière il faut toujours essayer de garder son équilibre et de rester debout l’orque l’on projette. un makikomî ne doit pas masquer un manque de contrôle dans la projection.)
Règle impérative pour UKE : lorsqu’il se sent emporté, il doit accepter et accompagner la chute. C’est notamment le cas lors des makikomi du type Haraï-makikomi, car un refus de chute est très souvent sanctionné d’une entorse acromio-claviculaire.
Un bon Ippon vaut toujours mieux qu’une mauvaise blessure.
Ganbarimasho !
